(17 Juin 2021)
Je suis heureuse et fière de recevoir ce trophée.
Merci aux équipes du festival, à François Morgant et Jonathan Peynet. Merci aux membres du jury.
Il y a un an et demi quand je suis partie au Pérou à la rencontre des hommes-plantes d’Amazonie, les chamans de la tribu Shipibo-Conibo, j’ai embarqué mon ami chef opérateur Richard Montrobert pratiquement la veille du départ en lui disant que je sentais que ce voyage serait extraordinaire et qu’il fallait absolument le partager.
Merci à Richard pour ses magnifiques images et pour son soutien dans les moments les moins glamours de mon initiation chamanique.
Merci aux autres artisans du film : Atman BM pour le montage, Aude Courbier pour l’étalonnage, Vincent Montrobert et Chuuut! Films pour le mixage, Michaël Leroueil pour ses compositions musicales, Robin Gatto pour le sous-titrage en anglais et Vahina Giocante, pour la voix de l’esprit de la plante sacrée. Ils se sont tous énormément investis alors que le film est autofinancé, qu’ils n’ont pas été rémunérés à la hauteur de leur talent et qu’un tel sujet n’est pas évident à vendre à la télé : c’est quand même l’histoire d’une nana en quête de sens qui passe 15 jours à vomir dans la jungle et qui dialogue avec les esprits ! Y a plus sexy comme pitch !!!
Mais ce n’est pas que ça.
Il y a l’équipe technique et artistique et il y a aussi l’équipe spirituelle. Les chamanes dont j’ai croisé la route il y a quatre ans et qui m’ont éveillée à d’autres réalités. En particulier Benjamin Verdure (qui porte bien son nom) alias Metsa Meni en langage shipibo. Cela signifie « celui qui envoie et révèle la beauté ». Il porte bien ce nom aussi puisque qu’il m’a à travers ses enseignements révélé les beautés de la nature.
Le film s’intitule « Les voix de la guérison » parce que les chamans sont en qlq sorte les antennes relais des esprits guérisseurs.
On connaît dans notre culture européenne ce qu’on appelle les animaux de pouvoir. Ce sont des consciences à part qui peuvent nous apporter leurs qualités comme le courage ou la vision. On connaît bcp moins les plantes de pouvoirs, et c’est avec elles que travaillent les chamans du végétalisme : comme Madre Ayahuasca, Ajo Sacha, Bobinsana... et plus près de nous Rose ou Chêne... Leurs consciences nous font voir les expériences d’une personne, ses émotions, ses maladies et leur origine, son potentiel aussi c’est à dire ses qualités d’âme, son essence et surtout, les esprits de la nature nous relient au vivant. Lorsque vous avez cette sensation indescriptible d’être en osmose avec les éléments et la nature toute entière, de voir comme le jaguar ou de voler comme l’aigle, de se sentir fleur ou un simple brin d’herbe, tout change : on arrête de se croire séparé de la nature, ou supérieur à la nature ; on ressent qu’on en fait partie et qu’en la massacrant, c’est nous-mêmes que nous massacrons et que nous renions.
Mais dans la médecine Amazonienne, avant de ressentir cette reliance et cet amour pour le vivant, nous devons purger notre ego, notre orgueil. Nous devons rendre à la Terre Mère ce qui nous empêche d’exprimer notre nature véritable qui est la joie, l’amour, la compassion, et que nous cachons derrière des masques et sous d’épais manteaux de peurs, de blessures, de mensonges et de conditionnements.
C’est ce travail de dépouillement que j’ai entrepris depuis qlq années auprès de chamans de diverses traditions.
Selon les guérisseurs que j’ai rencontrés, qu’ils soient péruviens, amérindiens, mexicains ou mongols, ce que nous vivons actuellement est une purge chamanique mondiale qui nous pousse à tomber les masques, à revenir à notre essentiel.
Pour eux et pour les esprits de la nature, la cupidité, la corruption, le consumérisme, sont de véritables maladies. Le reste n’est que symptômes. Et notre guérison physique, psychologique et spirituelle ne pourra advenir qu’en retrouvant ce lien sacré à la Terre.
« Vous avez encore un si joli jardin. Qu’en ferez-vous ? Il suffit de semer une graine. A chacun, à chacune de semer une graine. »
Ce film c’est l’une de mes graines et je lui souhaite d’éclore pour continuer à transmettre à travers d’autres films et donner envie à ceux qui les verront de protéger nos petits frères les animaux, de respecter notre Mère, la Terre et d’avoir foi en notre Pater Eternel, notre Père, le Ciel.
Aho ! 🌹🦅🌎
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